Section 8 De la liberté et de la nécessité

La controverse sur la nécessité et la liberté fait partie de ce que Hume appelle les disputes verbales. Historiquement, la position de Hume et sa critique de la volonté libre est proche de la contestation par Hobbes de la thèse de John Bramhall. Ce dernier auteur, un évêque anglican, défendait l’absolue liberté de l’action humaine, la liberté d’indifférence, dans l’ouvrage Defence of True Liberty. Cette discussion entre Hobbes et Bramhall est d’ailleurs retranscrite dans un ouvrage de Hobbes qui porte le même titre que la section de Hume : De la liberté et de la nécessité (1654). Pour Hobbes comme pour Hume, la volonté est nécessairement déterminée à vouloir ce qu’elle veut. Plus largement, Hume entend mettre fin à une controverse métaphysique qui remonte aux Anciens, au moins à l’Ethique à Nicomaque d’Aristote. Hume parle de « la plus litigieuse question de la métaphysique qui est la plus litigieuse des sciences » (p. 184). Le moyen de résoudre la controverse est de donner des définitions intelligibles des deux notions, nécessité et liberté. Le but de Hume est de montrer que si on fixe correctement le sens de ces mots « tout le monde s’est toujours accordé pour admettre à la fois la doctrine de la liberté et celle de la nécessité » (p. 165). En réalité, étant donné que la liberté va être définie en un sens très étroit, uniquement comme l’absence de contrainte physique, comme le fait de ne pas être « prisonnier et enchaîné », Hume veut montrer que les actions volontaires sont nécessairement déterminées par les motifs. La première partie a pour objet de montrer que la liaison entre les motifs et les actions humaines est de même nature que la connexion qui relie les causes et les effets naturels. Hume y compare l’évidence morale et l’évidence naturelle. La deuxième partie montre que la théorie humienne de la nécessité morale est parfaitement compatible avec la religion.

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