Luther
Martin Luther (1483-1546) est né à Eisleben (Thuringe) d'un père exploitant (mine de cuivre) et d'une mère ménagère, Martin Luther est élevé dans une bourgade (Mansfeld) peuplée de marchands et de mineurs. Cet enfant sensible et nerveux manifeste rapidement une vive intelligence qui suscite chez son père l'espoir d'une élévation sociale. Destiné à une carrière de juriste, il rentre d'abord chez les Frères de la Vie Commune en 1497 où il reçoit une première imprégnation religieuse. Ses études à l'université d'Erfurt révèlent un travailleur assidu qui obtient sans peine les titres de bachelier en 1502 puis de maître des arts en 1505. C'est au cours de ce fatidique été 1505 que la trajectoire de Luther, jusque-là conforme aux attentes familiales, va s'infléchir brusquement. Ce jeune homme fraichement diplômé, sur le point d'embrasser la magistrature, est aussi un être désorienté, fragilisé par de fréquentes crises d'angoisse, obsédé surtout par la mort et par le salut de son âme. Ce jour d'orage d'été où la foudre tombe à quelques pas seulement de lui fait basculer son destin : ce feu du ciel est interprété par l'esprit torturé de Luther comme un signe divin, un avertissement salvateur. Il sent son âme en péril. Il voit dans cette foudre une parfaite allégorie, sorte de matérialisation de ses peurs et confirmation qu'il suit une mauvaise voie. Quelques heures après, Luther, 22 ans, décide de stopper les études "profanes" et rejoint l'existence rude et austère des moines augustins d'Erfurt. Il consacrera désormais toute sa vie à Dieu et à la recherche des "moyens" permettant d'accéder à la certitude heureuse du salut de l'âme.
Le jour précédent la Toussaint 1517, le moine augustin Luther affiche sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg les « 95 thèses sur la vertu des indulgences » où se trouve dénoncée avec force la sécurité d'une fausse paix de l'âme que l'indulgence papale est sensée apporter en échange de subsides