madame bovary
Première partie : Biographie et psychologie des personnages de Madame Bovary Gustave Flaubert prétendait, quand il était réaliste, l’être absolument, sans mélange et sans diversion, et il s’imposait cette loi. Or cela était absolument nouveau en France. Madame Bovary a fondé le réalisme dans notre pays.
On était excédé de littérature d’imagination. Or, en 1850 le romantisme proprement dit était épuisé. Balzac, Stendhal et Mérimée avaient donné le goût du réalisme sans le satisfaire pleinement. Stendhal, outre que dans La Chartreuse de Parme et quelques nouvelles il était réaliste exactement de la même façon, était plutôt un psychologue pénétrant qu’un réaliste proprement dit et donnait plutôt la sensation de la vérité que de la réalité, encore que certaines parties de Le Rouge et le Noir, et notamment la première, et bien des pages des Mémoires d’un touriste soient déjà le réalisme lui-même. Mais enfin ces trois grands écrivains avaient plutôt éveillé le goût du réalisme qu’ils n’en avaient rempli l’idée. C’est Madame Bovary qui révéla pleinement ce que c’était et qui répondit aux désirs confus et puissants du public. Madame Bovary donne expression de la vie elle-même, à la fois dans sa complexité et dans son détail précis. On a cent fois remarqué que Balzac commence par la description du décor, des lieux ou devront se mouvoir les personnages, des habitations où ils devront vivre, puis aborde les personnages eux-mêmes, les peint au repos, habits, corps, visage, physionomie, puis enfin leur donne la parole et les fait agir. Un comtiste mettrait en titre courant à la première partie de chacun de ces romans « statique » et à la seconde « dynamique ». Cela veut dire que si Balzac a le regard perçant il n’a pas le large coup d’œil ou tout entre à la fois, ou bien qu’il n’a pas le don de peindre tout à la fois sans que la clarté en souffre. Ce don, Flaubert l’avait. La description des choses se