madame bovary
L’exemple le plus flagrant en est sans doute la mort d’Emma, rien de lyrique dans cette mort, au contraire, une mort tout à fait sordide ce qui pourrait étayer la thèse d’un romancier réaliste mais ce ne sont pas tant les faits imaginés par Flaubert qui importent, c’est la façon dont il les raconte. Et là on ne peut s’empêcher de constater que Flaubert reste un romantique
Des gouttes suintaient sur sa figure bleuâtre, qui semblait comme figée dans l’exhalaison d’une vapeur métallique. Ses dents claquaient, ses yeux agrandis regardaient vaguement autour d’elle, et à toutes les questions elle ne répondait qu’en hochant la tête ; même elle sourit deux ou trois fois.
On peut bien sûr y lire une description clinique, mais on y voit surtout la mise en scène d’une mort horrible voulue par l’auteur en tant que telle : Le suicide à l’arsenic est en soi un spectacle qui ne s’imposait pas. Il y a même dans la précision et les détails de cette description des accents baudelairiens, l'auteur s'attarde, il prend plaisir à rendre cette mort réaliste, le réalisme vient au secours du romantisme. Toutes les morts ne sont pas aussi dramatiques et Flaubert a choisi cette mort spectaculaire pour Emma, il aurait pu la décrire avec infiniment plus de concision, il y consacre 11 pages ne nous épargnant rien des manifestations successives de l'empoisonnement, usant malgré lui du pathos notamment lorsqu’il décrit Berthe, regardant sa mère mourir :
- Oh ! comme tu as de grands yeux, maman ! comme tu es pâle ! comme tu sues