Madame de Staël est une femme de lettres qui marque la naissance du romantisme français de sa personnalité originale. Fort intelligente, passionnée, elle vit tous les événements intellectuels et politiques de son époque. Dans son essai De la littérature (1830), elle appelle à une littérature qui renouvelle le genre en France. Après les révolutions du XVIIIème siècle, elle définit un homme nouveau créateur d’une société nouvelle. Dans l’extrait que nous commenterons, Madame de Staël affirme que « Ce que l'homme a fait de plus grand, il le doit au sentiment douloureux de l'incomplet de sa destinée. Les esprits médiocres sont, en général, assez satisfaits de la vie commune ; mais le sublime de l’esprit, des sentiments ou des actions, doit son essor au besoin d’échapper aux bornes qui circonscrivent l’imagination. L’héroïsme de la morale, l’enthousiasme de l’éloquence, l’ambition de la gloire donnent des jouissances surnaturelles qui ne sont nécessaires qu’aux âmes à la fois exaltées et mélancoliques, fatiguées de tout ce qui se mesure, de tout ce qui est passager, d’un terme enfin, à quelque distance qu’on le place. ». Elle reconnaît deux catégories d’écrivains : les uns louent leur pensée, leurs sentiments et leurs actions dans une grande liberté d’imagination, ils agissent héroïquement à propos du respect de la morale et fuient tout ce qui est vain, passager. Les autres , dits « médiocres », c’est-à-dire sans talent réel, qui se contentent de leur vie « commune ». Nous allons étudier les principaux thèmes de l’inspiration des écrivains romantique : l’idéal, l’action puis l’échec.
L’idéal de madame de Staël est l’écrivain qui traduit dans son œuvre l’incomplet de la destinée, son imagination ne doit pas connaître de limites, sa liberté de créer est totale. Les romantiques s’opposent aux penseurs du XVIIIème siècle, tels que Diderot avec L’Encyclopédie, œuvre scientifique et Montesquieu dans L’Esprit des lois, ouvrage politique qui développent une