Maitrise des passions
Pouvons-nous quelque chose à nos passions ? Comment, face à la tristesse ou à la colère, ne pas se laisser envahir ? Le mélancolique voudrait bien chasser ses lancinantes pensées, et le timide vaincre ses hésitations ; mais souvent rien n’y fait, tristesses et craintes reviennent et persistent, malgré eux. Ne serait-ce pas le signe d’une fatalité ?
Il est en effet assez troublant de voir combien nos émotions sont indociles. Comme elles se montrent opiniâtres, et rebelles ! Difficile de calmer la fureur qui monte lors d’une dispute entre amis ou conjoints ; on voudrait pardonner, on se raisonne, mais la colère continue de gronder. Qu’y faire ?
Un des moyens que propose Descartes est de remarquer combien notre corps est impliqué dans ces accès. Voyez par exemple comme le cœur bat vite et comme les poings se serrent dans la colère. C’est l’indice qu’un bouleversement de l’organisme s’est produit et, surtout, qu’il se maintient par sa propre inertie.
On ne supprime pas un essoufflement en un instant ; il faut attendre que la respiration retrouve son cours ordinaire. De même, tant que dure l’agitation du corps, n’espérez pas venir à bout de votre passion ; aucun argument ne sera assez fort pour la faire cesser immédiatement.
Nous voulons raisonner quand nous sommes le moins capables d’entendre raison. Il serait plus judicieux d’attendre le moment où, le corps enfin apaisé, la voix de la raison aura retrouvé toute son éloquence. 1. Pour ce qui est de la pratique de maîtriser ses passions, au jour le jour dirions-nous, j’irais plutôt chercher, en autres, Alain et ses propos, notamment ceux sur le bonheur, une lecture merveilleuse, un bouquin où, en quelque cent petits…propos, ne cherchons pas d’autre mot, il a dû permettre à nombre de ses lecteurs d’y puiser de précieux conseils exposés, non sous une firme doctrinale rebutante, genre recettes de cuisine, mais avec un style on ne guère plus engageant. Sa pensée, pour reprendre Larousse, se