Mal est l'enfance
Que le mal soit un fait proprement humain, personne ne le conteste, mais l’homme est-il fondamentalement mauvais ? // Une des réponses à cette question est fournie par Blaise Pascal qui fait ce constat amer dans ses Pensées : « le cœur de l’homme est creux et plein d’ordures ». // Grand défenseur de la doctrine chrétienne du péché originel qui fait de l’humanité une race pécheresse et maudite, Pascal estime que la séparation de l’homme d’avec Dieu suite à la Chute, a laissé au fond de lui un grand vide ou « creux » que rien ne peut remplir, à part la pensée de Dieu. C’est ce qui explique le caractère insatiable des désirs de l’homme et son ambition démesurée qui le poussent à combler son vide intérieur en concevant et en exécutant les desseins les plus noirs et les forfaits les plus dégoûtants, exprimés de manière choquante par le mot « ordures ». Selon Pascal donc, le fond de l’homme serait mauvais et le mal un trait constitutif de la nature humaine. // Mais doit-on considérer l’homme comme fondamentalement mauvais ou le voir comme un être qui se laisse séduire, voir vaincre par le mal, souvent plus fort que lui ? Celui-ci est-il inhérent à l’homme ou n’est-il qu’un fait contingent qui gagne le corps et l’âme et les pourrit ? D’autre part, l’homme ne s’abandonne jamais tout à fait au mal. Grâce à sa conscience, il reconnaît les mauvais penchants qui sont en lui comme il reconnaît les actes répréhensibles. C’est alors au prix de sa paix intérieure qu’il commet le mal : hésitations, scrupules, et remords sont autant d’indices de cette conscience toujours vivante en amont et en aval de chaque mauvaise pensée ou de chaque forfait commis. // Alors une âme qui lutte contre le mal qui s’est introduit en elle est-elle foncièrement mauvaise ? // En se basant sur Macbeth de Shakespeare ; La Profession de Foi du Vicaire Savoyard de Rousseau et Les Ames Fortes de Jean Giono, on verra que le mal peut résider au fond de l’homme mais qu’il est souvent