Malthus
Le contexte
La lecture d’Adam Smith et de Hume l’attire de bonne heure vers l’économie politique. Il tente d’appliquer les idées de William Godwin, un rationaliste du XVIIIe siècle, influencé par la pensée de Jean-Jacques Rousseau et celle de Condorcet et qui croit à un progrès sans limites. Le pasteur Malthus est chargé de l’aide aux pauvres dans sa commune ; les mauvaises récoltes de 1794 à 1800 engendrent misère et détresse, et frappent son imagination. Il écrit en 1796 un essai sur la crise que subit l’Angleterre, essai qui prend position en faveur de la justice sociale et proposant de développer le système d’assistance publique aux pauvres, mais il ne le publie pas.
Toutefois, le disciple de Godwin va se révolter contre son inspirateur lorsqu’il lit La justice politique (1793). Dans cet ouvrage utopiste, Godwin décrit une société où une population croissante va connaître la prospérité et la justice. Le divorce entre les idées de Godwin et la réalité brutale qu’il observe conduit Malthus à changer radicalement d’analyse. Son Essai sur le principe de population, publié en 1798, est un pamphlet en réaction contre ces idées.
Contre les réformateurs « moraux » qui attribuent au gouvernement la responsabilité des maux de la société, Malthus veut démontrer que ceux-ci viennent en réalité de lois naturelles et inéluctables. Il reprend en cela une idée avancée par Joseph Townsend dans A Dissertation on Poor Laws en 1786 ou par l'italien Giammaria Ortes3.
Lien entre la population et volume de production nécessaire
Malthus, par Félix Vallotton
Malthus prédit mathématiquement que sans freins, la population augmente de façon exponentielle ou géométrique (par exemple : 1, 2, 4, 8, 16, 32, ...) tandis que les ressources ne croissent que de façon arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, ...).
Il en conclut le caractère inévitable de catastrophes démographiques, à moins d'empêcher la population de croître.
Il