Management strategique
Quelle ambidextrie pour l’innovation continue ? Le cas du groupe SEB
Brion Sébastien IREGE, Université de Savoie
Université de Savoie, IMUS, Laboratoire IREGE, BP 80 439 74 944 Annecy le Vieux cedex, France. sebastien.brion@univ-savoie.fr
Favre-Bonté Véronique IREGE, Université de Savoie Mothe Caroline IREGE, Université de Savoie
Résumé
Un consensus semble se dégager dans la littérature sur le fait que la survie des entreprises est de plus en plus conditionnée par leurs aptitudes à explorer de nouvelles pistes technologiques et, simultanément, à exploiter et rentabiliser au mieux les acquis dont elles disposent. Cette double exigence (ou ambidextrie), déjà ancienne dans le champ du management de l’innovation, a été largement étudiée. Les recherches existantes sur l’ambidextrie (Tushman et O’Reilly, 1996 ; Gibson et Birkinshaw, 2004 ; He et Wong, 2004 ; Jansen et al., 2005) montrent le lien entre celle-ci et la performance des entreprises et insistent sur l’importance de mettre en place des structures séparées et différenciées, intégrées par les équipes de direction (Smith et Tushman, 2005). Toutefois, elles ne montrent pas concrètement comment articuler différenciation et intégration (Lawrence et Lorsch, 1973), n’analysent pas l’ambidextrie au niveau de la séparation des activités de recherche et des activités de développement et présentent les formes ambidextres comme « pures », alors que de nombreuses formes « mixtes » existent. Cet article propose, à travers une recherche de type exploratoire menée au sein d’un groupe industriel français (SEB) lors de la mise en place d’un changement organisationnel, non seulement de décrire les différentes formes d’ambidextrie qui le compose mais également de contribuer à une meilleure compréhension des difficultés que rencontrent les groupes multiactivités pour maintenir un niveau élevé d’innovations à la fois d’exploitation et d’exploration. La question