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Véritable légende de son vivant, Jean-Paul Sartre incarne, dans la deuxième moitié du xxe siècle, l’intellectuel engagé. Dans le sillage des philosophes du xviiie siècle, cette figure de l’intellectuel, dont Zola est, à la fin du xixe siècle, l’un des emblèmes, apparaît à l’occasion de l’affaire Dreyfus : c’est un homme de la sphère culturelle qui met sa notoriété au service d’une cause et qui affirme un point de vue moral dans les grands débats de son temps.
Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que Sartre définisse de manière éclatante et exigeante une forme d’engagement de l’intellectuel. La Libération, la guerre froide, la décolonisation, l’affirmation du tiers-monde, les événements de Mai 1968 et leurs conséquences lui donnèrent l’occasion d’être un écrivain en « situations ».
Rarement un philosophe engagé a obtenu une telle consécration en dehors de son milieu, en France et dans le monde entier, sans cesser de susciter la contestation et tout en forçant l’admiration ou la haine. Certainement parce qu’il fut tardif, son engagement contre toutes les formes d’injustice n’en fut pas moins radical. C’est avant tout par la plume que Sartre a mené ses combats dans tous les registres de l’activité littéraire (journalisme, roman, théâtre), faisant constamment dialoguer concepts philosophiques et réalités politiques de son temps.
Sartre à Billancourt en 1970
© Bruno Barbey / Magnum
Anarchiste à l’égard des institutions, moraliste à l’égard des hommes,
Sartre l’a été toute sa vie en dépit des zigzags de son itinéraire politique.
Raymond Aron, Mémoires
Un homme n’est rien s’il n’est pas contestant. Mais il doit aussi être fidèle à quelque chose. Un intellectuel, pour moi c’est cela : quelqu’un qui est fidèle à un ensemble politique et social mais qui ne cesse de le contester.
Sartre, Le Nouvel Observateur, 26 juin 1968, repris dans Situations VII
Un engagement tardif
La guerre a vraiment