Marbeuf
Je disais l'autre jour ma peine et ma tristesse
Sur le bord sablonneux d'un ruisseau, dont le cours
Murmurant s'accordait au langoureux discours
Que je faisais, assis proche de ma maîtresse.
L'occasion lui fit trouver une finesse :
" Silvandre (me dit-elle), objet de mes amours,
Afin de t'assurer que j'aimerai toujours,
Ma main dessus cette eau t'en signe la promesse. "
Je crus tout aussitôt que ces divins serments,
Commençant mon bonheur, finiraient mes tourments,
Et qu'enfin je serais le plus heureux des hommes.
Mais, ô pauvre innocent, de quoi faisais-je cas !
Étant dessus le sable, elle écrivait sur l'onde,
Afin que ses serments ne l'obligeassent pas.
- Pierre de Marbeuf – Recueil de vers – 1628
Pierre de Marbeuf [1596-1645] : poète auteur d’un Recueil de vers (1628) inspiré à la fois par la nature, l’amour et le sentiment de la fragilité du monde. Ses thèmes sont parfois proches de ceux de Ronsard.
Remarqué par la simplicité de la syntaxe et du vocabulaire ; sa poésie lyrique chante la Normandie, les forêts, les eaux, l’amour ; satirique parfois ; peintre des apparitions cauchemardesques ; exprime une douceur de vivre teintée de religion.
Problèmes de lecture :
Vers 4 : attention au rythme : 4 + 2 // 1 + 5
Vers 5 : diérèse avec " occasion " à prononcer o-cca-si-on (4 syllabes)
Vers 12 : rythme 1 + 5
Noter les enjambements dans le premier quatrain : problème => comment accorder le rythme et la syntaxe ? (contre-rejet et rejet) [le sens s’accorde avec ces enjambements puisqu’il s’agit du discours et du cours d’eau qui coulent touts deux de vers en vers – N.B. : on pourrait faire remarquer que le discours langoureux du narrateur est pris dans le même " cours " fugitif que celui de la femme.]
Plan du commentaire du sonnet :
1. Ce sonnet s’annonce comme un bref récit.
a. Il en présente les éléments constitutifs habituels.
b. Les temps employés en marquent clairement les différentes