Margiela et le chaos
Considéré comme l'un des créateurs les plus atypiques et énigmatique de sa génération, Martin Margiela fonde, en 1988 sa propre marque sous l’appellation Maison Martin Margiela. Le créateur, qui a toujours fuit la presse et ne s’exprime que par communiqués envoyés par fax, utilise l'anonymat comme marque de fabrique. L’utilisation fréquente du fameux « blanc de Meudon » aussi bien dans les défilés que dans les lieux de vente et dans la tenue du personnel, vêtu sur son lieu de travail d’une blouse immaculée, exprime à elle-seule la volonté d’évincement de l’individualité. Coupes construites-déconstruites, volumes oversize, matières futuristes ou recyclés, monochromie dans les tissus, esthétique destructive, intérieures des plus étranges et vêtements sans logo... L'univers de la Maison Martin Margiela ne ressemble à aucun autre.
En 1997, Martin Margiela, accompagné d'un certain nombre de biologistes, présente une exposition spécialisée sur les bactéries et ses différentes capacités.
A l'ouverture de l'exposition, Margiela montre ses vêtements les plus importants dans un contexte apparemment conventionnel. À la fin de l'exposition, les bactéries avaient complètement rongé, et détruit, les vêtements. La présentation était un acte d'enthousiasme auto-désintégration qui sentait plus de confiance en soi que de doute. Destruction, comme condition de base de la vie mondaine, a été faite biologique d'une manière très directe par Margiela. La présentation de la décomposition comme un symbole de l'immortalité mode soulève également la mode à une puissance de discours, a permis de s'organiser et de se aider généreusement dans tous les domaines de la science.
« Le plus gros de l'exposition Margiela tient en une seule rangée de vêtements, disposée en ligne, derrière la baie d'un pavillon de verre du musée. La salle est vide, donc, et les vêtements, suspendus sur fond de jardin et de verdure, de nuages et de bleu, sont à l'air libre. Et surtout: à