Marguerite duras
Anne et Chauvin venaient de se connaître. Mais, tentant de déchiffrer l'énigme qui entoure le meurtre tragique du café, ils vont découvrir en eux-mêmes une passion naissante et progressante à mesure que leurs rendez-vous se succédaient. C'est alors qu'ils seront entraînés à vivre l'hypothèse avancée par Chauvin pour expliquer le crime qui devient le couronnement de la passion et du désir au lieu d'en être la destruction. Dans leur dernière rencontre, Anne, comme l'assassinée, découvre en elle ce désir d'être tuée par un amant qui en venait à désirer sa mort.
L'accomplissement virtuel de la passion des deux personnages s'oppose à l'expérience vécue par l'assassin et sa victime.
"On ne peut donc dissocier les deux couples: c'est le couple vivant qui explique le couple détruit; mais c'est le couple détruit qui rend possible ce qui se produit chez les vivants: la découverte et l'expérience d'une certaine forme de passion fascinée par la mort."
Il y a contraste entre la parole et le sentiment, entre le verbe et l'indicible, entre l'éloquence et le silence qui constitue à proprement parler, le véritable pivot autour duquel tourne le récit ; la pierre de touche sur laquelle se tisse l'intrigue. Or, c'est par certains procédés d'argumentation utilisés par les deux interlocuteurs que leur conversation nous entraîne vers la découverte de leur intimité.
Il y a une rhétorique figuratique et un rôle persuasif. Nous découvrons alors comment Anne Desbaresdes représente l'éloquence de ce qui est tu, du non dit, alors que Chauvin, lui, dirigeant leur dialogue "avec habileté et ténacité", réussira