mariage pour tous
Les profondes mutations liées à la maîtrise de la procréation et, au-delà, à la maîtrise de la vie et du vivant, ont ébranlé la vision traditionnelle de la parenté, et par là même les règles de la filiation. L'une comme l'autre restent cependant construites sur le modèle d'une filiation biologique (on eût dit autrefois une filiation par le sang) qui assure le rattachement de l'enfant à l'homme et à la femme qui l'ont engendré. Toutes les règles, (fictions, présomptions, déclarations volontaires ou possession d'état) ont été élaborées par rapport à ce modèle. Celui-ci régit même les situations où l'on sait que la filiation ainsi établie ne correspond pas à la vérité biologique, comme l'adoption ou, plus récemment, les PMA avec recours à un tiers donneur. La multiplication des personnes qui peuvent participer à un même projet parental (jusqu'à cinq personnes aujourd'hui si l'on recourt à une mère porteuse, peut-être plus demain) aurait déjà dû conduire à une reconstruction du droit de la filiation. Tel ne fut pas le cas, car n'était pas remise en cause l'hétérosexualité de la parenté : il s'agissait de placer l'enfant dans un système de parenté qui le rattacherait à un père et à une mère, à un seul père et à une seule mère.
La multiplication des naissances hors mariage a déjà entraîné une réforme globale du droit de la filiation, mais la fin de la légitimité avait seulement pour objectif de faire sortir la filiation de l'attraction du mariage. Elle n'a pas remis en cause un modèle qui repose sur trois piliers : l'hétérosexualité de la filiation, l'unicité des liens paternel et maternel, l'adéquation de principe entre le juridique et le biologique. En un sens, les progrès de la