" Marie" g.apollinaire (commentaire composé)
COMMENTAIRE COMPOSE
INTRODUCTION
« Chacun de mes poèmes est la commémoration d’un évènement de ma vie » a écrit Apollinaire. Et il ajoutait : « et le plus souvent il s’agit de tristesse ».
Le poème : MARIE (anagramme du verbe aimer) n’échappe pas à la règle. Ecrit en 1912 à la suite de sa rupture avec le peintre Marie Laurencin que lui avait présenté Picasso, « Marie » est un poème d’amour, mais de fin d’amour, comme la plupart des œuvres consacrées aux femmes qu’il a aimées.
D’abord publié dans une revue, avec sa ponctuation, cette pièce fut intégrée au recueil « ALCOOLS » paru en 1913 sans ponctuation comme toutes les poésies qui le composent. Ce choix délibéré et novateur s’imposa au poète lors de la première impression sous le titre « EAU DE VIE ».
MARIE appartient au « cycle de Marie », comme « ZONE » et surtout « LE PONT MIRABEAU ». C’est aussi un poème élégiaque par sa grande richesse d’images et une musicalité sans pareille.
Dans « Marie », Apollinaire célèbre l’ « amour perdu » sans méconnaître la progressive altération des sentiments amoureux à l’épreuve de l’inexorable fuite du temps.
I. LA CELEBRATION DE L’AMOUR PERDU
A. UN POEME DE FIN D’AMOUR
1. la confusion des amours
La poésie d’Apollinaire est polysémique; elle raconte parfois aussi plusieurs histoires. En l’occurrence, la première strophe fait allusion à une autre Marie qu’il a connue dans sa jeunesse en Belgique et avec laquelle on peut supposer qu’il a dansé la maclotte (ou la «matelotte»), danse populaire belge. Pour exalter sa poésie, le poète brouille les pistes et rappelle qu’une pièce poétique vaut pour elle-même et que les références autobiographiques, pour nécessaires voire indispensables qu’elles soient à son inspiration, n’influent que secondairement sur le sens du texte et encore moins sur l’objectif qu’il se fixe.