Marie laborie, un cas de socialisation infirmiere
Presses de Sciences Po | « Sociétés contemporaines »
2009/2 n° 74 | pages 147 à 165 ISSN 1150-1944
ISBN 9782724631616
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2009-2-page-147.htm
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À 8 h il y a un interne qui m’a remplacée. Les autres internes se sont dispatchés sur les autres blocs – une greffe de foie ça prend deux internes. Ça prend un chirurgien mais deux internes. Donc les autres se sont dispatchés. Et il restait Luthe- reau qui avait pas d’interne. Et je lui ai dit : “Ben écoute, moi je veux bien t’aider. Mais je te dis, là je suis crevée, je viens de faire la greffe [elle …afficher plus de contenu…
En effet, le manque d’assurance de Marie contraste avec la confiance conquérante et presque arrogante de la plupart des chi- rurgiens 20. Elle ne cesse au cours de l’entretien d’utiliser des phrases dépréciatives à l’égard de ses choix ou de ses goûts : « C’est con mais... », « C’est débile mais... ». L’auto-dévaluation est permanente chez elle. Elle rappelle combien elle s’est sous-estimée tout au long de sa scolarité : « J’étais persuadée que j’étais pas capable », « Je pense que j’ai dû leur apporter [aux camarades avec qui elle prépare l’internat et qu’elle décrit comme “intelligents” quand elle se juge laborieuse] mais je me rends pas bien compte ». Rappelons qu’elle ne se sent pas