Marivaux lile des esclaves
La règle du jeu a déjà été édictée par Trivelin (scène 2) et l'échange des identités a été opéré. Il s'agit maintenant d'une autre épreuve par laquelle doivent passer les maîtres : un examen de leur comportement auquel procèdent les anciens valets eux-mêmes.
Plan :
1. Une situation carnavalesque . Du théâtre dans le théâtre
2. L'art du portrait ; ce qu'il nous révèle du caractère de Cléanthis
1. Une situation carnavalesque ; du théâtre dans le théâtre
Un renversement de situation sociale révélé par l'usage de la parole : Euphrosine se tait ; c'est Cléanthis qui détient le pouvoir du langage et donc le pouvoir d'ordre social. La servante devient l'héroïne, tandis que la maîtresse est réduite au rang de spectatrice.
Une situation de mise en abyme : plus qu'une scène de carnaval, cette situation s'apparente à une mise en scène théâtrale : une actrice ; une spectatrice ; un metteur en scène qui juge les effets de scène de son actrice.
L'actrice unique multiplie les rôles : il s'agit donc d'un véritable spectacle avec économie d'acteurs, mais multiplicité des personnages évoqués. Toute la crédibilité de la scène repose sur l'art de l'actrice et son habileté à endosser l'habit de différents personnages.
Jeu sur les pronoms personnels : "je" : Cléanthis ou sa maîtresse ; "Madame" : la maîtresse ou ses invitées ; "on" : soit les invités, soit (plus intéressant) : la maîtresse : Cléanthis lui ôte ainsi son identité, tout comme sa maîtresse, avant le renversement social, lui retirait la sienne.
Aucune didascalie de la part de Marivaux, d'où la grand liberté de l'actrice Cléanthis, mais également de l'actrice réelle qui joue le rôle de Cléanthis.
2. L'art du portrait
Un portrait qui ressemble aux Caractères de {La Bruyère} : brièveté des phrases (parfois même phrases nominales) ; juxtaposition de préférence à la coordination et surtout à la subordination : enchaînement rapide des actions ou des pensées d'Euphrosine