Masculin, Féminin 1966 – Jean Luc Godard
Le film Masculin, Féminin, tourné en noir et blanc par Jean Luc Godard, réalisateur pilier de la Nouvelle Vague, raconte l’histoire d’un jeune homme français, Paul, venant d’être démobilisé et à la recherche d’un emploi. Fervent militant contre la guerre du Viêt-­‐Nam, il va rencontrer Madeleine, jouée par Chantal Goya, une jeune femme dont il va tomber amoureux. Mais Madeleine, alter ego de Chantal Goya, se soucie plus de sa réussite « à l’américaine » que des sentiments de Paul. Ce dernier est donc tiraillé entre l’amour qu’il éprouve pour Madeleine et ses convictions.
Le film se veut le reflet de la société de l’époque. Sorti de son contexte, il peut paraître plus difficile à comprendre, et de manière générale, il faut le voir plusieurs fois pour en saisir pleinement le sens. L’aspect sociétal est représenté par de nombreux éléments. Le film se passe pendant les élections de 1965, événement dont la jeunesse se sent écartée. Plusieurs fois dans le film, nous voyons Paul faire des allusions à De Gaulle ou au gouvernement de manière rebelle, haineuse, par des tags ou des sous-­‐entendus évidents. La guerre du Viêt-­‐Nam est un des sujets récurrents : Paul et son ami encore plus actif que lui parlent de cela dès le début du film jusqu’à la fin, tout en taguant des voitures américaines et en criant « US GO HOME! ». Anticapitalistes, ils se voient malgré tout dans une société où « l’américanisation » est de plus en plus présente, notamment dans la musique (avec Bob Dylan, rebelle comme eux, mais aussi Madeleine Zimmer, alias Chantal Goya, ou Johnny Hallyday, nettement moins souciés par ces problèmes de société, et que Paul combat en écoutant du Bach et autres grands compositeurs) mais aussi le comportement général des gens : les femmes « rêvent d’être comme les putains américaines ». Les flirts entre les personnages masculins et féminins ressemblent plus à des interrogatoires, et, de fait, révèlent beaucoup de choses sur les