Mauriac noeud de vipére
» Je connais mon coeur, ce coeur, ce noeud de vipères: étouffé sous elles, saturé de leur venin, il continue de battre au dessous de ce grouillement. Ce noeud de vipères qu’il est impossible de dénouer, qu’il faudrait trancher d’un coup de couteau, d’un coup de glaive. Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »
Ce n’était pas l’argent que cet avare chérissait, ce n’était pas de vengeance que ce furieux avait faim. L’objet véritable de son amour, vous le connaitrez si vous avez la force et le courage d’entendre cet homme jusqu’au dernier aveu que la mort interrompt.
Viel avare qui veut se venger des siens en les deshéritant, Louis se justifie dans une sorte de confession qu’il destine à sa femme; mais cette dernière le précède dans la mort. Dépossédé de sa haine et détaché de tous ses biens, cet anticlérical sera touché par la lumière in articulo mortis.
En parfait avocat, Louis classe les évènements de sa vie, avec une habilité rare, avec une lucidité exceptionnelle et étonnante. Je ne pense pas que Louis soit si cruel, c’est avant tout un homme trompé, blessé jusqu’au plus profond de son âme, incapable d’etre humain, d’etre heureux, vivant avec une rancoeur grandissante contre les siens, ce qui l’a rendu malheureux lui-meme plus que les autres; On sent à travers ce qu’il écrit que c’est un homme juste, on ressent la justesse de ses propos, justesse d’autant plus surprenante lorsque l’on s’attend à une explosion de haine, et de colère depuis trop longtemps contenue. On est ému lorqu’il apprend la mort de sa femme, lorsqu’il comprend que jamais elle ne verrait tel qu’ il était réellement, un homme qu’on a si peu aimé, qui n’attendait qu’un peu d’amour, d’affection désinteressée, son attitude envers Marie, Marinette, et luc, ne témoigne t-il pas de cela?