Max weber
Le savant et le politique (1919) Max Weber, Le savant et le politique, Paris, Bibliothèques 10/18, 2000, 223 pages, ISBN : 2-264-02535-2.
I. Le métier et la vocation de savant.
A) Un hasard aveugle : Les grands instituts de science sont devenus des entreprises du capitalisme d’Etat. Certes cela amène des avantages techniques mais il y a maintenant une grande différence entre le chef de cette grande entreprise et le vieux style du professeur titulaire, et l’on voit apparaître comme partout ailleurs où s’implante une entreprise capitaliste, son phénomène spécifique qui aboutit à « couper le travailleur des moyens de production ». Une chose cependant n’a pas changé c’est l’importance due au hasard. Beaucoup de médiocres jouent un rôle considérable dans l’université. La raison s’en trouve dans les lois même de l’action concertée des hommes. Ce qui en devient étonnant c’est surtout le nombre considérable de nominations qui sont justifiées. Il faut posséder des qualités de savant et de professeur, deux choses qui vont rarement ensemble. La qualité du savant est impondérable. L’éducation scientifique est une affaire d’aristocratie spirituelle. La tâche pédagogique décisive consiste à exposer les problèmes scientifiques de telle manière qu’un esprit non préparé puisse les comprendre et se faire une opinion propre. B) La science et l’inspiration : La science est parvenue à un stade de spécialisation jamais atteint auparavant. De nos jours une œuvre importante est toujours une œuvre de spécialiste. On ne force pas l’inspiration. Il faut que l’idée exacte vienne à l’esprit du travailleur sinon il ne sera jamais capable de produire quelque chose de valable. Or elle ne vient souvent qu’après un travail acharné. Dans les sciences, l’intuition est aussi importante que dans l’action pratique et dans l’art. Le processus psychologique est le même. Les intuitions scientifiques dépendent de « dons » qui nous sont cachés. Cela entraîne deux idoles : la « personnalité » et l’