Maxime Art
Jouant du culte de la personnalité qui lui est rendu, il décline le visage en peintures, dessins, lithographies, et même papier peint. Il multiplie à grande échelle cette figure symbolique : en 1974, lors de l’exposition au musée Galliéra, quelque 1950 portraits de Mao de toutes tailles tapissent les murs, dont des papiers peints produits spécialement pour l’occasion et dont certains sont aujourd’hui à l’Art Institute de Chicago (1). A travers cette débauche de variations, Warhol livre une image mouvante du personnage.
Mais c’est aussi une satire iconoclaste de la propagande chinoise. Des coups de pinceaux bigarrés constellent la peinture, formant des plaques de couleur sur les vêtements du président tandis que le rouge provoquant des lèvres et l’ombre bleutée des paupières donnent au portrait des allures de graffiti élégant. La peinture suggère que la propagande communiste ressemble comme une petite sœur à la publicité capitaliste. Ce qui rappelle d’ailleurs qu’un même mot, en chinois, couvre les deux significations : 官方宣传, après tout, est autant propagande officielle que publicité gouvernementale…
Comme l’explique Alain Cueff, commissaire de l’exposition, « Warhol, qui adorait les églises, est un peintre d'icônes. » Effectivement, ces portraits sont la version pop des icônes que l’on offrait autrefois à l’adoration des foules, telles ces icônes byzantines que Warhol, né à Pittsburgh de parents slovaques,