Maya
Maya la renonçante
Þ dhammadána
Maya la renonçante
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Maya la renonçante
À ma fille Clémentine
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Maya la renonçante
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Maya la renonçante
1. Maya
Q
uand la porte de sortie s'est ouverte, j'ai simplement avancé lentement, uniquement préoccupée par l'instant présent, concentrée sur chacun de mes pas. N'ayant plus aucun lieu où aller ni plus aucun but, je décidais de me laisser complètement emporter par le vent. Au grand croisement, le réflexe de m'isoler de la civilisation et de toute son agitation m'a naturellement fait emprunter le chemin de la campagne. À l'ombre d'un saule au feuillage généreux, je me suis assise, le dos contre le tronc massif du vieil arbre. J'ai observé quelques instants le vent chuchoter doucement dans mes oreilles, puis je me suis allongée. J'étais sur de l'herbe fraîche, dont l'odeur et le vert intense m'impressionnaient. Je la caressais, heureuse et fascinée comme si je découvrais la nature pour la première fois. Puis, laissant les yeux se fermer complètement, j'ai visionné toute mon existence, voyant s'enchaîner toutes les étapes qui m'ont menées là. Pour bien comprendre comment je suis arrivée jusqu'à vous, laissezmoi vous raconter mon histoire. Nous n'étions pas riches, mais nous ne manquions de rien, maman, mon petit frère et moi. Nous habitions une petite masure sur une colline de la plaine qui s'étend au nord de la ville. Nous entretenions un jardin potager devant notre demeure. Il donnait des légumes très divers, selon les saisons, que j'allais régulièrement vendre aux maraîchers de la ville. Ils ne prenaient que les plus beaux, et plutôt que de laisser les autres à une gargote pour une bien maigre somme, je préférais les offrir à des mendiants. Après avoir acheté quelques galettes et de l'huile pour les lampes, je remontais chez nous avec le reste de la recette, qui se destinait surtout au paiement de notre loyer. Alors que je marchais jusqu'à la ville, maman entretenait la