Medecin sous pression
Même si elle réduit ses effectifs de visiteurs médicaux, l’industrie pharmaceutique consacre au moins trois milliards d’euros par an à la promotion de ses médicaments auprès des médecins
Médecin généraliste à Chelles (Seine-et-Marne), Michel Doré a ses habitudes. Tous les lundis matin, il reçoit trois visiteurs médicaux, sur rendez-vous.
Et ensuite, c’est fini pour le reste de la semaine. « Je préfère poser des limites car on est très sollicité », explique-t-il. Installée à Schiltig heim (Bas-Rhin), le docteur Isabelle Guy, elle, reçoit un visiteur par jour : « Si j’acceptais toutes les demandes, j’en verrais au moins trois ou quatre », souligne-t-elle. Quand au docteur Bernard Clary, qui exerce à Trèbes (Aude), cela fait plus de dix ans que son cabinet reste fermé à ces délégués des laboratoires, chargés de faire la promotion des médicaments.
« Je les ai reçus pendant dix ans, puis, un jour, je n’ai plus supporté leur discours manipulateur », explique ce médecin.
Des suppressions de poste à venir
Fin 2007, on recensait 22 689 visiteurs médicaux en France. Un chiffre qui, durant les prochaines années, devrait être revu à la baisse. Au cours des derniers mois, plusieurs grands groupes ont en effet annoncé d’importantes suppressions de postes (lire La Croix du 22 décembre 2008).
Au siège des Entreprises du médicament (Leem), on indique que 5 000 à 6 000 postes de visiteurs médicaux devraient être supprimés d’ici à 2010. Ces restructurations s’expliquent d’abord par la montée en puissance des génériques.
En effet, dès qu’un médicament perd son brevet et peut être copié, il n’y a plus aucun intérêt à faire sa promotion. Si les laboratoires réduisent leurs équipes, c’est aussi parce qu’ils axent désormais leur développement sur des produits « ciblés » sur des pathologies plus pointues. « Les médicaments les plus rentables ne sont plus ceux prescrits en ville par des généralistes, mais à l’hôpital par des