La presse est en crise, mais à force d’être invoquée régulièrement, il est possible de ne pas percevoir l’originalité de la période à laquelle doivent faire face les différentes entreprises éditrices. C’est qu’au même moment d’un côté la presse quotidienne doit faire face à des difficultés chroniques qu’elle connaît depuis plusieurs décennies, contrairement à la presse magazine, prospère jusqu’ici, qui est devenue sa principale concurrente ; et que l’autre côté, quotidiens et magazines vont devoir affronter une mutation profonde de l’ensemble du système médiatique, d’une ampleur que nous n’avons certainement jamais connue.
Cette note, est la synthèse d'un rapport de recherche commandité par la Mission recherche et rédigé sur ce thème par Jean-Marie Charon, chercheurs au CNRS et spécialiste de ces questions, dans le cadre du chantier "Le livre, le journal, la lettre
: quel avenir pour le média papier ?" lancé conjointement en 2005 avec l'IREPP et la direction du Courrier.
Introduction
L’exercice de prospective est toujours difficile, il l’est d’autant plus que les éléments de la mutation en cours sont à la fois présents, pour certains depuis une vingtaine d’année, mais qu’ils produisent désormais des effets puissants sur l’ensemble des médias : les nouveaux qui émergent sous nos yeux, le plus ancien la presse écrite, mais aussi ses concurrents historiques que sont la radio et la télévision. La prospective est délicate dans la mesure où au-delà des incertitudes les experts et spécialistes des évolutions du domaine sont très influencés, voire fascinés par des utopies technicistes (interactivité, contournement des médiateurs, polyvalence, etc.), qui pour avoir été souvent reportées, n’en reviennent pas moins avec force. Il faut pourtant accepter l’idée que les arbitrages seront d’abord économiques et sociaux et que parmi ceux-ci la question des usages est centrale.
Caractéristiques de la période.
Pour bien comprendre la nature de la période de