Coilliot N.

Victor Hugo a été le chef de file du romantisme au XIXème siècle. Il a composé une œuvre gigantesque qui témoigne de nombreux engagements personnels. Auteur militant, il s’est préoccupé tout au long de sa vie des misérables et a lutté contre toutes formes d’injustices sociales.
Dans ce poème, écrit en alexandrin, extrait des Contemplations (1856), il dénonce l’exploitation des enfants dans le monde industriel. « Melancholia » lui permet d’expier sa « bile noire » (étymologie grecque du mot).
Comment dans un poème, en partie descriptif, met-il en avant son engagement. Comment montre-t-il les abus honteux du monde moderne ?
Il semble intéressant de commencer par se pencher sur ce monde industriel dépeint ici et il conviendra ensuite d’analyser l’interaction de ce monde avec l’univers de l’enfant et la vision qu’en a l’auteur.

Le lecteur est d’emblée plongé dans le décor de l’industrialisation. Tout d’abord, la présence du verbe « travailler » (v4, 10) et du nom « travail » (v17, 20, 21) valorisent l’activité puis le champ lexical de l’usine situe l’action avec des termes tels que « des meules » (v4), « machine » (v7), « fer » et « airain » (v10). Au vers 22, l’importance de l’activité est soulignée par les termes mis en parallèle : « peuple » avec « l’homme » puis « libre » avec « heureux ». Nous voyons d’ores et déjà l’opinion de l’auteur quant à l’importance du travail et de la relation que doit avoir l’homme avec celui-ci. Le décor de ce lieu de travail est dépeint par la matière : le fer et l’airain. Des métaux marqués par la dureté avec leur allitération en « r ». Ce sont des métaux que l’on chauffe puisqu’il y a présence de cendre (v12) et le mot « enfer » (v9) témoigne de la chaleur. Le vers 11 qui présente un parallélisme syntaxique insiste d’autant plus sur cette matière. « Tout est d’airain, tout est de fer » présente un rythme en 4/4 qui évoque le bruit ou la cadence des machines de l’usine. En effet, l’usine