Memnon ou la sagesse humaine de Voltaire
I) le récit d’une arnaque à l’amour
1) le scénario d’un guet-apens : - des rôles bien définis : une belle femme qui sert d’appât / une vieille femme qui inspire la confiance / un « oncle » armé qui surprend les amants en flagrant délit et qui va proposer un chantage / une victime (Memnon) - une stratégie efficace pour escroquer la victime : se faire voir en « se promenant sous des platanes auprès de la maison » de Memnon ; mettre en avant ses « grâces » et sa « beauté » ; susciter la compassion de la victime, puis l’attirer dans un lieu propice à l’amour ; profiter de l’intimité pour susciter le désir de cet homme ; se faire surprendre au moment critique ; extorquer de l’argent à celui qui n’a pas intérêt à ce qu’on sache qu’il a compromis une jeune fille (« l’oncle pouvait pardonner pour beaucoup d’argent. Memnon fut obligé de donner tout ce qu’il avait »).
2) une comédie pathétique : - une comédienne jouant un rôle et se cachant derrière un masque (cf. « paraissait ne songer à rien » ; « semblait fort occupée ») - elle compose son visage pour paraître affligée, « soupire, pleure », conte ses malheurs « de l’air le plus naïf et le plus touchant », en s’exprimant avec sensualité (cf. l’allitération en [s] et en [v] : « vous me paraissez un homme de si bon conseil que si vous aviez la condescendance de venir jusque chez moi, et d’examiner mes affaires, je suis sûre que vous me tireriez du cruel embarras où je suis ») - l’histoire invraisemblable et mélodramatique d’un oncle « violent » qui la maltraite (cf. « tout le mal que lui faisait un oncle ») et l’a spoliée de son bien (cf. « il lui avait enlevé un bien ») - les signes extérieurs d’une tristesse feinte (cf. le champ lexical de l’« affliction » : « soupirs, pleurs, consoler, touchant, affligée, larmes, attendrissement, malheureuse »)
- elle est experte dans l’art de séduire un homme, en s’arrangeant pour «