Robinson Crusoé, rescapé du naufrage de La Virginie (avec Tenn le chien du commandant de bord) échoue sur une île déserte, qu'il baptise Speranza (Espérance). Épuisé par la solitude et le désespoir, Robinson cède à la tentation de "la souille", le bain de boue, où il oublie sa condition d'homme et se laisse aller à la nostalgie. Pour ne plus se rabaisser à ce niveau, Robinson décide de revenir à l'humain, en s'entourant de cérémonials dont la démesure fait le grotesque : il tente d'abord de soumettre à sa volonté d'homme les bêtes et les terres de l'île, avant de s'autoproclamer gouverneur de l'île, et de créer tout un système de codes, de lois et de sanctions pour la régir. Dans sa solitude, il philosophe, se remémore des souvenirs d'enfance, tente de combler le vide qui l'entoure malgré la présence du chien Tenn. Robinson traverse plusieurs périodes de réconciliation avec la nature. Lors de sa "période tellurique", il descend dans une cavité rocheuse, et devient ainsi le noyau de Speranza,son fœtus. Il quitte cette situation lorsqu'il comprend qu'il est un homme mature, et entre alors dans une "période végétale", où il entretient une sexualité avec l'île, enfantant par là des mandragores.
Ces expérimentations ontologiques prennent fin le jour où Robinson sauve fortuitement un Indien, condamné à mort par ses congénères. Il le nomme Vendredi d'après le jour de la semaine où il l'a recueilli, car ce nom n'est ni un nom d'objet, ni un nom d'homme. Il considère donc que Vendredi n'a pas tout à fait le statut d'un homme, étant donné sa condition de métis. Celui-ci devient l'esclave de Robinson, qui veille toujours à gouverner son île, un reflet inutile de sa civilisation occidentale. Mais Vendredi, en fumant en cachette la pipe de son maître, provoque l'explosion de la grotte où se trouvaient plusieurs tonneaux de poudre à canon, détruisant ainsi toutes les constructions de Robinson. L'équilibre fragile qu'il avait instauré vole en éclat. Les limbes peuvent se