Mise en scene fin de partie beckett
Pourquoi avoir choisi Beckett et plus précisément Fin de partie ?
Beckett me passionne. Il a un regard de poète absolu, une incroyable lucidité sur la condition humaine, la violence qui régit les rapports humains. Et puis, c'est un auteur qui a réussi à briser et reformuler tous les codes du théâtre. Quand on lit ses textes de théâtre on est dans une écriture inattendue, singulière. Beckett est dans le langage du corps. La pantomime n'est pas loin. Le clownesque également. Ce sont ces dimensions qui me bouleversent, m'émeuvent et me font rire.
Fin de partie est une pièce que je trouve parfaite, elle associe si bien la violence absolue, la tragédie humaine à la fantaisie, au rire, au loufoque. J'ai le sentiment que ni l'auteur, ni les personnages ne se prennent au sérieux, il y a une forme de distance par rapport au drame de la vie que je trouve absolument réjouissante. Ce n'est pas pour rien qu'on parle de ce regard d'aigle de Beckett. Il sait qu'à la base de toute relation humaine, il y a un rapport de force, un dominant et un dominé. C'est ce que raconte Fin de partie mais à la manière des clowns, c'est à dire avec de l'outrance.
Parlez-nous du processus de création...
Quand je monte une pièce, je travaille par étapes. Par strates. La distribution m'obsède un premier temps. Au départ j'étais dans une idée réaliste du lien de filiation entre Clov et Hamm. Pour Hamm je pensais à quelqu'un de plus âgé que moi, qui joue Clov. Et puis, quand on m'a parlé de Dominique Pinon, pour jouer Hamm, je me suis dit que la relation père, fils entre Clov et Hamm tenait plus à l'organisation de leur vie, de leur quotidien et que leur âge passait au second plan. Il se trouve que Fin de partie est la première pièce que Dominique Pinon a vu adolescent et que c'est celle qui lui a donné envie de faire du théâtre, il est donc très intéressé pour jouer Hamm. Pour les deux autres personnages dans les poubelles, je