La nouvelle critique
Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une école spécifique, mais plutôt de la réunion de plusieurs jeunes critiques influencés par le marxisme, la psychanalyse, la linguistique et le structuralisme. Roland Barthes est le plus connu. On les accusera de bafouer (ridiculiser) la tradition universitaire. Serge Doubrovsky, dans Pourquoi la nouvelle critique ?, montre la diversité des approches modernes et leur orginalité, répliquant ainsi au pamphlet de Raymond Picard, Nouvelle critique ou nouvelle imposture ?
Cette critique se prépare pendant tout le 20e siècle, mais apparaît au tournant des années 60. Avec cette impression de renouveau, le statut de la critique se modifie. La critique se fait littérature, elle se fait l’égal des oeuvres qu’elles critiquent (ou elle se considère comme telle en tout cas.)
L’école de Genève
Il y a d’abord eu une critique extra-universitaire qui s’est définie comme ‘critique créatrice’ qui se refusait aux recherches positivistes et qui concevait l’acte de la lecture comme une rencontre entre deux êtres.
Parmi les deux pionniers de cette nouvelle critique il faut compter Marcel Raymond et Albert Béguin. Marcel Raymond a relaté qu’il était forcé au cours des années trente, lors de l’élaboration de sa thèse à la Sorbonne sur L’influence de Ronsard sur la poésie française 1550-1585, de tenir compte du positivisme ambiant et d’inventorier des sources comme preuves d’une influence.
Dès 1933, Marcel Raymond est reconnu comme l'un des maîtres de la critique littéraire et acquiert une renommée internationale. La publication, cette année-là, du volume De Baudelaire au surréalisme est unanimement saluée. Raymond y développe l'idée que la poésie est un acte plénier et que le poème jouit d'une vie propre. Le lecteur doit aller jusqu'à s'oublier pour permettre au poème de respirer en soi. Il incite l'amateur de poésie à se former un regard qui soit à la fois proche et lointain, et à écouter le cœur de l'œuvre, d'où le