Mme de Sévigné
Cette première édition fut suivie de deux autres, en 1726. Pauline de Grignan, marquise de Simiane, petite-fille de l’intéressée, décida alors de proposer une publication de la correspondance de sa grand-mère. Elle confie ce soin à un éditeur d’Aix-en-Provence, Denis-Marius Perrin, qui publie 614 lettres en 1734-1737, puis 772 en 17545. Les lettres ont été remaniées et sélectionnées suivant les instructions de Mme de Simiane : toutes celles touchant de trop près à la famille, ou celles dont le niveau littéraire paraissait médiocre, furent supprimées. Les lettres restantes ont souvent fait l’objet de réécritures pour suivre le goût du jour.
La question de l’authenticité se pose donc de manière cruciale pour ces lettres. Sur les 1 120 connues, seules 15 % proviennent des autographes, lesquels ont été presque totalement détruits après usage.
Néanmoins en 1873 un lot de copies manuscrites, d’après les autographes, a été retrouvé chez un antiquaire ; il couvre environ la moitié des lettres adressées à Mme de Grignan ; elles sont publiées par Charles Capmas en 1876.
La seconde moitié du xvie siècle et la première moitié du xviie siècle marquèrent un bouleversement au sein de l’identité de la noblesse française. Privée d’une série de privilèges politiques et sociaux et subissant une crise financière, la noblesse a cherché une forme de défense en faisant valoir sa « supériorité de lignage » ; mais elle chercha aussi à garder son identité à l’égard de la Cour et échapper ainsi aux griffes des projets absolutistes de Richelieu et de Mazarin.
C’est de cette manière que les « bienséances » sont devenues des valeurs pour cette