Modernisatoin du mythe d'oedipe
Cette sombre tragédie laisse pourtant le spectateur sur une impression d’apaisement grâce à la poésie du surnaturel propre à Cocteau, malgré les menaces qui continuent à peser sur les descendants de Laïos.
L’apparition fantastique de Jocaste morte diffuse une douceur maternelle, consolatrice, d’une grande beauté. La didascalie, qui signale la présence de « Jocaste morte » n’a pas la même connotation que le premier acte intitulé « Le fantôme ». De la mort, elle a la blancheur mais elle ne peut effrayer car elle est « belle ». Plus qu’une morte, avec ses yeux clos, elle est un personnage onirique, un rêve qui devient réalité. Son écharpe semble être redevenue un attribut d’élégance et non plus le signe et l’instrument du destin : « la longue écharpe enroulée autour du cou », elle s’adresse à OEdipe comme à un petit enfant dans la peine : « Mon enfant, mon petit enfant » ; « Mon pauvre petit », en mère protectrice — tout le passé d’amante étant anéanti — dont la présence rassurante est indispensable à l’aveugle : « C’est ta mère qui vient à ton aide. » ; « Je me charge de tout » (expression maternelle du désir d’aller au-devant des besoins de l’enfant). À peine fait-elle une allusion à son suicide et à la mutilation de son fils sur un ton dédramatisant : « Crois-tu ! Cette méchante écharpe et cette affreuse broche !
L’avais-je assez prédit ! », sans ôter leur pouvoir occulte aux objets, jouant sur un double niveau, celui de la psychologie enfantine et celui d’une croyance magique, mystérieuse des choses. Elle guide OEdipe, lui signale les dangers, l’escalier, elle l’aide avec Antigone à compter les marches, elle le fait patienter en lui promettant de le panser à la fontaine, cette fameuse fontaine de la place dont ils entendaient le jet d’eau la nuit de leurs noces (l’eau, symbole de fécondité mais aussi eau lustrale de purification). C’est elle encore qui convainc
OEdipe d’accepter qu’Antigone le suive dans son exil.