Mohammed arkoun, défenseur de l'islam
Par Yadh Ben Achour (*)
Ce dernier se trouve ankylosé par des siècles de passion dogmatique. Cela se manifeste en particulier par un attachement toujours ressuscité, au cours des siècles, à un certain nombre de positions théologiques et de doctrines juridiques invariables, malgré les bouleversements historiques et sociaux considérables. La crise du monde musulman n'est évidemment pas une crise exclusivement intellectuelle. Elle est à la fois une crise de la société et de la pensée. Crise de la société, elle se situe au niveau du développement et de l'équilibre des facteurs matériels tels que la démographie, l'économie, le développement technologique et scientifique, le développement urbain, le développement rural, etc. Crise de la pensée, elle engage un débat sur la culture, l’art, la littérature, la théologie et notre conception du droit. Cependant, les deux niveaux sont indissociables. On sait combien le travail, par exemple, dépend principalement de nos conceptions de l'autorité, de la responsabilité, et du droit. La civilisation matérielle ne peut être pensée sans l'esprit civique. La séparation des deux niveaux ne peut être justifiée que pour des raisons didactiques.
La réflexion des auteurs «musulmans» sur l’Islam varie selon l’engagement personnel de chacun. Certains auteurs, assez rares, comme Ibn Warraq(1), Rashâd Khalifa(2), Hamid Zanaz(3) ou Taslima Nasreen(4) ont fait le choix de quitter totalement le giron de l’Islam et de la charia et de se placer sur le seul terrain de la modernité et des droits modernes. Pour ceux-là, l’Islam n’est pas réformable, structurellement parlant(5). Il est par nature totalisant, refuse la liberté individuelle, prône la violence. Je n’entrerai pas dans une discussion de