Moi et ma vie
Introduction :
Premier poème de la section consacrée à Jeanne Duval dans la section Spleen et idéal, de Baudelaire.
Elle est la maîtresse de Baudelaire (Noire - rencontrée en 1842). Toutefois, la femme s'efface rapidement en raison de la puissance de son parfum qui engendre une vision imaginaire et idéalisée (cf. titre).Mouvement en crescendo de la femme à l'île puis au port.
Jeu de correspondance entre les sensations (synesthésie).
I-Vision de la femme par Baudelaire - Transformation par l'île et le port :
C'est la relation intime amoureuse qui provoque la vision intérieure ("yeux fermés").
Les conditions sont favorables à cette rêverie : la scène se déroule un soir d'automne : on se trouve dans un univers favorable au déploiement de l'imaginaire.
L'imaginaire est noté par l'enjambement qui accentue un climat d'allégresse et de chaleur (" éblouissement ", " feu ", " soleil ").
L'intimité amoureuse paraît liée à l'enfance (" sein chaleureux " : connotation érotique mais également de protection maternelle). Le tableau exotique se substitue progressivement à la figure féminine
L'île du v.5 peut évoquer le paradis originel, ou du moins un lieu isolé, protecteur ; un lieu utopique, un lieu de bonheur. L'enjambement v.5-6 et le pluriel v.6 insistent sur la générosité du lieu.
L'île concilie des notions contradictoires comme la fertilité et l'oisiveté.
II-Correspondance entre les différentes sensations : synesthésie
Jeu de correspondance entre les sensations (synesthésie) propre au symbolisme.
Lien étroit odorat-vue v.2-3 :cf. " quand " et position symétrique des verbes en début de vers.
Cette symétrie rappelle la toute-puissance du parfum qui engendre une vision de lumière : on passe du parfum à la vue (v. 3-4)
Pluralité des sensations :
* v. 10 : sensation visuelle
* v. 12 : sensation olfactive (" parfum ")
* v. 14 : auditive (" chant ")
La rêverie s'épanouit en fonction de ses sensations.