Moliere acte 1 scène 2 le misanthrope
C’est une scène assez longue. Il y est question d’espoir et d’amour. Cf. le dernier nom de la scène 1 : « espoir ».
Texte :
Oronte.
Sonnet... C'est un sonnet. L'espoir... C'est une dame qui de quelque espérance avait flatté ma flamme.
L'espoir... Ce ne sont point de ces grands vers pompeux, mais de petits vers doux, tendres et langoureux.
(à toutes ces interruptions il regarde Alceste.)
Alceste.
Nous verrons bien.
Oronte.
L'espoir... Je ne sais si le style pourra vous en paraître assez net et facile, et si du choix des mots vous vous contenterez.
Alceste.
Nous allons voir, monsieur.
Oronte.
Au reste, vous saurez que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire.
Alceste.
Voyons, monsieur ; le temps ne fait rien à l'affaire.
Oronte.
L'espoir, il est vrai, nous soulage,
Et nous berce un temps notre ennui ;
Mais, Philis, le triste avantage,
Lorsque rien ne marche après lui !
Philinte.
Je suis déjà charmé de ce petit morceau.
Alceste.
Quoi ? Vous avez le front de trouver cela beau ?
Oronte.
Vous eûtes de la complaisance ;
Mais vous en deviez moins avoir, et ne vous pas mettre en dépense pour ne me donner que l' espoir.
Philinte.
Ah ! Qu'en termes galants ces choses-là sont mises !
Alceste, bas.
Morbleu ! Vil complaisant, vous louez des sottises ?
Oronte.
S'il faut qu'une attente éternelle pousse à bout l'ardeur de mon zèle, le trépas sera mon recours.
Vos soins ne m'en peuvent distraire : belle Philis, on désespère, alors qu' on espère toujours.
Philinte.
La chute en est jolie, amoureuse, admirable.
Alceste, bas.
La peste de ta chute ! Empoisonneur au diable, en eusses-tu fait une à te casser le nez !
Philinte.
Je n'ai jamais ouï de vers si bien tournés.
Alceste.
Morbleu ! ...
Oronte.
Vous me flattez, et vous croyez peut-être...
Philinte.
Non, je ne flatte point.
Alceste, bas.
Et que fais-tu donc, traître ?
Oronte.
Mais, pour vous, vous savez quel est notre traité :
parlez-moi,