Moliere analyse
Le Médecin Malgré Lui est une pièce de 1666. Molière est alors au sommet de sa gloire. Il a écrit ses plus grandes pièces et sa troupe est devenue « troupe du Roi ». Mais Tartuffe et Dom Juan, ses deux dernières pièces, viennent d'être interdites, car il a de nombreux ennemis. Au début de 1666, il a monté Le Misanthrope qui n'a pas eu le succès attendu. Alors il revient à la farce, et Le Médecin Malgré Lui est un triomphe, au point que c'est la pièce qu'il jouera le plus souvent. Le Médecin Malgré Lui utilise des ressorts fréquents dans la farce: les disputes de couples, les déguisements, la satire, sont autant de moyens de faire rire. Molière a déjà abordé la satire de la médecine dans Le Médecin Volant (1659) et l'Amour médecin (1665). C'est un thème qui lui tient à cœur, car il considère les médecins de son temps comme des charlatans plus préoccupés de se conformer aux règles de la profession et de gagner de l'argent que de guérir. Ce thème triomphera d'ailleurs dans Le Malade imaginaire, la dernière pièce de Molière, en 1673.
Cette pièce a été écrite il y a plus de trois cents ans et pourtant elle continue à être jouée et à faire rire. Cela ne tient pas uniquement aux thèmes qu'elle traite: la médecine est plus sérieuse de nos jours qu’au XVIIe siècle et il est rare qu'elle soit un sujet de plaisanterie. Alors de quoi rions-nous? Nous rions parce qu'un mari brutal reçoit des coups de bâton, nous rions parce qu'un bougre réussit à tromper un riche et autoritaire bourgeois, nous rions de la crédulité des hommes. Et nous rions pour ne pas pleurer, car nous savons que nous sommes nous aussi facilement crédules et que cette crédulité permet aux pires charlatans de tous les temps, de tous les pays, de s'emparer de nos esprits. Nous rions enfin parce que triomphant la ruse sur la rigidité, l'amour sur la richesse, la bonne humeur sur la mine maussade, parce que les coups de bâton de théâtre nous font oublier la violence quotidienne.