Molière

5457 mots 22 pages
Caractères

La construction des caractères se fonde à l’époque où Molière écrit sur une tradition héritée d’Aristote, via Théophraste, art du portrait qui a nourri la Comédie Nouvelle, ainsi que l’œuvre de Térence. Les caractères sont des portraits d’individus qui, ayant perdu le sens de la mesure où réside la vertu, sont aveugles à eux-mêmes et demeurent fixes. Le substrat de cette conception des choses est à rechercher dans la fameuse théorie des humeurs (le sang, le flegme, la bile et l’atrabile) dont l’équilibre est condition de bonne santé. Le sous-titre du Misanthrope est d’ailleurs L’Atrabilaire amoureux ; quant aux autres héros, ils sont clairement présentés comme relevant de tel ou tel type de caractère : Tartuffe, « gros et gras, le teint frais, la bouche vermeille » (v. 233) est visiblement un sanguin, ce qui explique sa nature concupiscente, alors que Dom Juan est un colérique, prompt à s’enflammer, comme à oublier.
Pour utile et clair qu’il soit, ce soubassement traditionnel n’est pour notre poète qu’un point de départ, qu’il va étoffer au moyen de ses lectures et de l’observation de la réalité humaine contemporaine. D’une part, abandonnant la conception monolithique des emplois, il tend à suggérer la complexité du réel, en créant des personnages complexes : ses héros ne sont ni monolithiques ni figés, car ils possèdent des traits de caractère secondaires, parfois inattendus, qui contribuent à un remarquable effet de réel. Ils souffrent parfois et se déchirent sous les yeux du public, devenant en cela émouvants et pathétiques. Au nom de cette imitation de la nature, Molière bouleverse ainsi la tradition ; il bouscule les habitudes mentales et l’horizon d’attente du public savant qui se réfère uniquement aux modèles antiques, Plaute et surtout Térence, et qui répugne à voir en Arnolphe, le barbon ridicule de L’École des femmes, un être plus complexe, qui peut être aussi capable d’actions généreuses :
Arnolphe ne donne-t-il pas trop librement son

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