Momo le petit prince des bleuet

869 mots 4 pages
LE VIEIL HOMME SUR LE BANC

Assis sur un banc, le vieil homme était seul comme une chose abandonnée là, par une main peu délicate.
L’obscurité l’enveloppait presque tendrement, mise à part la lueur blafarde d’un bec de gaz fatigué qui projetait un filet de lumière sur son abondante chevelure et sa barbe blanche. Il jetait des miettes de pain à quelques pigeons aux yeux fous. Son esprit vacant ne pensait plus, il n’avait plus rien à penser.
Le vieil homme ne dormait pas. En état de veille permanente, il survivait, un peu hébété par cet acharnement de la vie à s’intéresser encore à lui. Lui ne voyait plus d’utilité en cette vie têtue. Il ne savait plus pourquoi il était là, il ne se souvenait pas que loin d’ici il fut probablement un enfant aimé.

Il ne savait pas quand la nuit lèverait son rideau noir. Il avait le temps, malgré qu’il fût terrassé par la fatigue. Il avait appris à vivre avec cette éternité là. Comment trouver le sommeil en empruntant un banc public comme seul chez soi. La nuit était calme ici, un peu trop froide.

Le bruit de la ville grondait au loin comme une bête immonde. En bas de la butte, la nuit était vivante. Il percevait de vagues effluves citadines. Il devinait les noctambules en quête d’amusements et de distractions. Tout cela lui était bien étranger. Sur un vieux mur délabré en face de lui, quelques tags griffonnés sans goût, et une inscription plus explicite citait : –l’imagination au pouvoir-
Il ne connaissait plus cette rhétorique : son divorce avec les idées des autres était consommé depuis longtemps hélas. Il n’avait rien à dire sur rien, et cela lui convenait bien. J’aurais bien voulu lui dire que les murs nous mentent, mais il n’était plus qu’un traîne-bâton, consumé sur les trottoirs du quartier. Son seul plaisir consistait à admirer les éclairages du Sacré-Cœur la nuit. Les dômes majestueux crevaient l’obscurité et illuminaient la ville lumière.

Non loin de là, un homme s’égarait dans les méandres d’une

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