MONDIALISATION ET GLOBALISATION: NOUVEAUX HABITS DE L’IMPERIALISME? I Qu’est ce que la mondialisation? On peut voir en Nicolas Boukharine2, Rosa Luxembourg3 et Lénine4 les premiers auteurs à avoir perçu l’économie mondiale comme une totalité ou, selon les termes mêmes de Boukharine, comme un “système de rapports de production et de rapports d’échange correspondants embrassant la totalité du monde”. Mais, au lieu de voir dans cette phase d’évolution du système capitaliste un progrès pour l’humanité, ces théoriciens de la révolution et du socialisme la considéraient au contraire comme un état de pourrissement généralisé (de “putréfaction”, diront-ils) de son mode de production. Aujourd’hui, on ne peut qu’être frappé par l’actualité de la thèse défendue avec insistance par Lénine et Luxembourg (suivant en cela Hilferding) sur la suprématie que, sous l’impérialisme, le capital financier prend sur le capital productif industriel. C’est cette hégémonie qui, selon eux, crée justement les conditions d’une exportation massive de capitaux et de l’extension des rapports de production capitalistes à la totalité de la planète. On est à l’heure actuelle très loin de cette perception de l’économie mondiale et des perspectives et enjeux qu’elle comporte. D’après la pensée philosophique, sociologique, économique et politique actuellement dominante, la mondialisation se présente maintenant comme l’ère la plus prometteuse que l’humanité ait jamais connue. Une telle lecture est confortée par la simultanéité de l’effondrement de l’Union soviétique (considérée comme “l’empire du mal”) et la chute du mur de Berlin d’une part, et les succès apparents des politiques libérales initiées au début des années 80 par Mme Thatcher en Angleterre et par Reagan aux Etats-Unis d’autre part. En plaçant les Etats- Unis en orbite, ces événements en ont effectivement fait la seule puissance planétaire capable de s’offrir au monde comme un