Monologion d'anselme
Les deux traités rassemblés dans ce premier volume, "Monologion" et "Proslogion", ont vu le jour à deux années d’intervalle (1076-1078). Mais pendant ce court espace de temps, la pensée de S. Anselme, alors prieur et écolâtre de l’abbaye du Bec, a subi une crise et une mutation étonnantes. Immense est, en effet, le déplacement opéré depuis le "Monologion" : à une méditation qu’on peut, à la limite, placer sous l’épithète « ontothéologique » succède une prière dont l’élan mystique est égal à la rigueur dialectique, le "Proslogion", un des plus beaux textes de toute la Tradition chrétienne.
Le Grammairien. De la vérité. La Liberté du choix. La Chute du Diable 2
Entre les deux œuvres majeures que sont le « Proslogion » (1078) et « Pourquoi un Dieu-homme » (1098), saint Anselme consacre trois traités à l'« étude de la Sainte Écriture ». S'interrogeant successivement sur : « La Vérité », « La Liberté du choix » et « La Chute du diable », il élabore les notions capitales de justice et de liberté.
La justice étant définie comme la « droiture de volonté gardée pour elle-même » et la liberté comme le « pouvoir » de la justice, l'être de l'homme trouve alors sa vérité dans la tournure suréminente de Jésus, Fils de Dieu, vers son Père toujours « plus grand » (Jn 14, 28).
Lettre sur l'incarnation du Verbe. Pourquoi un Dieu-homme 3
"Si tu veux savoir la vraie nécessité de tout ce que Christ a fait et souffert, sache que tout fut par nécessité parce que lui-même a voulu. Nulle nécessité n’a jamais précédé sa volonté... Personne ne lui a pris son âme, mais lui-même l’a déposée et prise de nouveau parce qu’il eut « pouvoir de déposer son âme et de la prendre à nouveau » (Jn 10, 18) comme lui-même le dit" (II CDH c. XVII). Ces lignes qui terminent le "Cur Deus Homo" (1098) montrent que satisfaire Dieu n’est pas autre chose que répondre, par une libre donation de soi, à l’Amour toujours plus grand, qui librement se donne comme Amour donné sans