Montaigne, l'amitié
Michel de Montaigne (1533-1592) est un écrivain, philosophe, moraliste et homme politique français de la Renaissance. Ses Essais, auxquels il s'attèle de 1572 jusqu'à sa mort, constituent son oeuvre majeure. Mélange de pensées philosophiques et d'autobiographie pure, ils apparaissent sous forme d'un recueil de textes trés variables par leur longueur et leur contenu et répartis en trois livres. Le chapitre XXVIII du premier livre des Essais, intitulé "de l'Amitié", rend hommage à Etienne de la Boétie, grand ami de Montaigne qui inspire à l'auteur sa conception de l'Amitié véritable comme l'union de deux àmes pour n'en former plus qu'une.
Aux pages 373-374 ("Au demeurant"..."ou sien ou mien"), Montaigne donne au lecteur une définition précise de ce qui caractérise selon lui l'Amitié réelle, suivant une argumentation en trois temps. Dans une première partie ( --> "couture qui les a jointes"), Montaigne commence par donner une définition par défaut de l'Amitié, en l'opposant à l'idée fausse que s'en fait ordinairement l'opinion commune. L'auteur insiste ensuite ( --> "point à perdre temps") sur l'importance du destin dans la naissance d'une amitié: se fondant sur sa rencontre avec La Boétie, il évoque le role clé d'une "force inexplicable et fatale médiatrice" dans l'union de deux véritables amis. Enfin, Montaigne constate le caractère indicible de la vraie Amitié, comme un aveu de la difficulté qu'il rencontre à communiquer au lecteur de façon précise l'idée qu'il se fait de l'Amitié entre deux Etres.
I/ Une amitié différente des autres: ligne 1 à 8
-Définition viciée de l'amitié dans la société selon Montaigne : la conception de l'Amitié dans les esprits contemporains ("ce que nous appelons ordinairement") est réductrice et n'est selon lui plus en adéquation avec la dimension qu'elle devrait désigner. Montaigne critique l'acception commune de l'amitié. En s'incluant dans le "nous", l'auteur se place sur un pied d'égalité