Montaigne

1486 mots 6 pages
Le chapitre "Des Boyteux" des Essais de Montaigne

Les Essais de Montaigne, ce n’est pas un livre que l’on range. Il doit traîner à portée de main, car il n’est nul besoin d’avoir d’autre raison pour s’y plonger que de donner un aliment à son envie de penser. Je viens de relire « Des Boyteux », le chapitre XI du Livre III, dans la nouvelle version qu’en donne la récente édition de Jean Balsamo, Michel Magnien et Catherine Magnien-Simonin (1).

C’est un chapitre dont les différentes parties ont en commun d’évoquer la circonspection qui s’impose dans nos jugements et opinions, thème que l’on ne peut mieux illustrer que par cette phrase : « Après tout c’est mettre ses conjectures à bien haut prix, que d’en faire cuire un homme tout vif » (p. 1079). Il y est question de la réforme du calendrier (2), de la formation et la propagation des rumeurs, des sentences litigieuses, des guérisseurs, des sorcières, et aussi de la réputation des boiteux et boiteuses. Que voilà un inventaire hétéroclite ! C’est que les préjugés et les stéréotypes sont quasi toujours préférés à la réalité, à l’examen, au doute.

« Je resvassois presentement, comme je fais souvent, sur ce, combien l'humaine raison est un instrument libre et vague » (p. 1072) nous dit Montaigne. C’est que la pensée peut se contraindre occasionnellement à la rationalité, mais qu’elle ne peut se guider sur une voie uniquement rationnelle. Elle va là où elle va et ce qui la meut nous échappe. Et le mot libre veut dire ici apte à errer hors la maîtrise de celui qui en use, c’est-à-dire pour celui-là contraignante.

Nous seulement nous ne connaissons quasi rien, mais le monde social lui-même nous porte à taire nos pulsions vers le vrai : « Je trouve quasi par tout, qu'il faudroit dire : Il n'en est rien. Et employerois souvent ceste responce : mais je n'ose : car ils crient, que c'est une deffaicte produicte de foiblesse d'esprit et d'ignorance. Et me faut ordinairement basteler par compaignie, à traicter des

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