Montserrat se retrouve quelques instants dans la salle de garde. Il fait les cent pas, tout en regardant par terre. J’ai l’impression d’étouffer entre ces quatre murs ! Je me sens impuissant face à ce dilemme, c’est affreux ! Izquierdo est inhumain ! Il ne peut pas me réduire à un tel choix, je ne veux pas devenir comme lui, comme une machine à tuer, aveugle et cruelle, sans cœur. L’un détient la liberté, et les autres sont innocents. D’un côté un homme, de l’autre côté six hommes. Je demeure seul, immobile, dans cette si grande obscurité. (Accablé, Montserrat s’assoit, la tête dans ses mains) Je suis comme dans le brouillard, perdu, mes yeux remplis de larmes et mon cœur en plein désespoir. Je me sens comme dans un combat, il me faut maintenant, affronter la triste réalité. Soit la vie de Bolivar soit la vie des six otages, des deux côtés mon mal est infini. Faut-il sauver Bolivar ? Faut-il sauver les six innocents ? Ma vie est maintenant réduite à ce maudit choix.
Ces six pauvres innocents sont désormais victimes de mon choix alors qu’ils n’ont rien fait, au contraire ils ont tout pour être heureux, c’est injuste ! On ne peut pas faire fusiller des personnes comme ça, cette situation me met hors de moi, je hais Izquierdo, il ne peut pas faire ça, condamner des personnes innocentes n’est pas humain ! Cette pauvre mère a deux enfants et elle doit rentrer chez elle pour allaiter le petit dernier sinon il va mourir de faim, ces pauvres petits enfants n’ont pas plus de deux ans, ils ont toute la vie devant eux ! Et ce jeune marié qui est riche avec sa femme et ces cinq enfants, il a tout pour vivre heureux, il doit aussi rentrer chez lui, ses enfants et sa femme l’attendent ! Je ne peux pas les priver de leur famille, il faut les laisser rentrer chez eux !
Il faut que Bolivar soit sauvé, je l’ai prévenu et je l’ai aidé à s’échapper alors je ne peux pas le trahir, c’est un ami, celui qui détient la liberté, c’est le seul capable de conduire la guerre pour