Morale et politique
Aristote distingue la praxis, action immanente n'ayant d'autre fin que le perfectionnement de l'agent (par exemple être moral), de la poïèsis, production d'une œuvre extérieure à l'agent (une statue de marbre par exemple) : c'est donc comme disciplines pratiques visant à rendre les hommes meilleurs que la morale et la politique doivent être entendues, et non pas comme des sciences exactes, car les affaires humaines se passent au niveau de la réalité contingente, non mathématisable, du monde sublunaire.A/ La Morale :Si tout le monde, écrit Aristote au début de L'Ethique à Nicomaque, admet que la fin que chaque homme recherche n'est autre que le bonheur, bien peu s'accordent cependant sur sa définition et les moyens d'y parvenir. Car le Souverain Bien, contrairement aux opinions communes, ne peut se trouver ni dans la recherche de plaisirs frustres - qui nous ravalent au rang d'animaux -, ni dans l'obtention des honneurs et des richesses - qui prennent la fin pour les moyens -, et encore moins dans la contemplation abstraite, platonicienne, d'un quelconque Bien en soi illusoire ; c'est à partir de ce qu'est l'être humain lui-même, de sa finalité propre qu'il faut d'abord se situer pour pouvoir saisir en quoi consiste le vrai bonheur.Or la réalisation de la nature de l'homme ne peut se faire qu'à partir de ce qui lui est propre et le distingue des animaux, c'est-à-dire sa raison : la recherche de la vie heureuse ne peut se comprendre chez Aristote que par l'exercice de cette vertu proprement humaine qu'est l'aptitude à la vie raisonnable. Mais encore faut-il distinguer les vertus " dianoétiques ", issues de l'activité rationnelle, des vertus " éthiques ", dues aux mœurs et à l'habitude ; alors que les premières, comme la science, l'art, la prudence, l'intellect et la sagesse, caractérisent les habitudes de méthodes et de réflexion qui doivent régler la vie intellectuelle, les secondes, comme le courage, la justice, la tempérance …, ont pour fin