Morris weitz
La théorie a été au centre de l’esthétique et continue de préoccuper la philosophie de l’art. Son principal souci avoué demeure la détermination de la nature de l’art, une détermination qui soit formulable en une définition de l’art. Elle conçoit la définition comme l’énoncé des propriétés nécessaires et suffisantes de ce qui est défini ; et cet énoncé vise a etre une affirmation vraie ou fausse quant a l’essence de l’art, a ce qui le caractérise et le distingue de toute autre chose. Toutes les grandes théories de l’art — Formalisme, Volontarisme, Emotivisme,
Intellectualisme, Intuitionnisme, Organicisme — convergent dans la tentative d’énoncer les propriétés déterminantes de l’art. Chacune prétend etre la vraie théorie pour avoir formulé correctement en une définition réelle la nature de l’art ; et chacune prétend que les autres sont fausses pour avoir négligé l’une ou l’autre propriété nécessaire ou suffisante. De nombreux théoriciens soutiennent que leur entreprise n’est pas un simple exercice intellectuel, mais une nécessité absolue pour toute compréhension de l’art et pour notre juste évaluation de celui-ci. A moins de savoir ce qu’est l’art, disent-ils, ce que sont ses propriétés nécessaires et suffisantes, nous ne pouvons pas y réagir adéquatement, ni dire pourquoi une oeuvre est bonne ou meilleure qu’une autre. Ainsi la théorie esthétique a-t-elle de l’importance non pas seulement en ellememe mais pour les fondements tant de l’appréciation que de la critique.
Les philosophes, les critiques et meme les artistes qui ont écrit sur l’art, s’accordent a penser que ce qui est premier en esthétique, c’est la théorie de la nature de l’art.
La théorie esthétique, au sens d’une définition vraie ou d’un ensemble de propriétés nécessaires et suffisantes de l’art, est-elle possible ? L’histoire de l’esthétique, a elle seule, devrait ici nous arreter.
Car, en dépit du grand nombre de