Moyennement moyen
Françoise Huguier n’est pas, n’a jamais été, et ne sera probablement jamais, une commissaire. Le simple fait de l’avoir élue à ce poste provisoire ressemble à une provocation, un jeu, un clin d’œil. Un sourire en coin. Huguier, c’est un mets de choix pour commissaires. Lui faire accepter d’inverser les rôles touche au défi.
C’est elle, pourtant, qui a cette fois tracé la route, battu les chemins, vérifié les panneaux, glissé le doigt le long des cartes. Et c’est donc son sac de voyages qu'elle retourne sous nos yeux, qu'elle déverse sur son plancher. C'est ce relief, ces formes, ces massifs, ces précipices que l'on regarde et que l’on cherche à comprendre comme paysage en soi.
On pose parfois la question de la capacité d’un élu, d’un président, d’un patron, à habiter sa fonction. La première révélation de cette exposition réalisée par la commissaire Huguier est que dans cette fonction presque antagoniste avec sa personne profonde, elle s’est comportée en implacable oiseau de proie. Dans son choix, on suit sa trace, ou plutôt son vol-plané: il accompagne un œil prédateur majestueux, planant au-dessus du monde et des continents, dont l’instinct très sûr ne laisse aucune place au calcul affectif. Huguier sélectionne ses proies selon les seuls principes supérieurs de l’espèce photographe, dont toutes les expressions ou presque sont représentées.
Ses choix n’ont pas la rationalité d’une bourse des valeurs marchandes ni la vanité des prétentions critiques, mais leur somme dit clairement un état du monde.
Le résultat tient à la fois de Darwin et de Noé : une arche de vies et un arbre de la vie, où les créatures se multiplient en se diversifiant, en fonction des topologies, des climats, des sociétés, des frontières, des couleurs, des cultures, des hommes, des femmes et de ces plus intimes enchevêtrements qui rendent uniques chacune des histoires personnelles vécues ici-bas.
La meilleure preuve de cette diversité se trouve dans ses antagonismes: là