Mythe de la caverne
La doxa (opinion) et le vrai
Le mythe de la Caverne nous livre une double métaphore, celle de la recherche du vrai (la dialectique pour Platon) et celle de l’opinion. Les prisonniers n'ont pas besoin de chaînes : elles sont forgées par leur foi dans ce qu’ils voient. Leur pseudo-savoir (celui des ombres) est précisément ce qui les tient prisonniers. C'est d'ailleurs pour cela que seuls ils ne pourront entreprendre de quitter la caverne. Il faudra doucement les forcer à regarder du côté de la lumière et progressivement leur faire identifier dans les étapes successives de leur progression, l'insatisfaction du résultat qu'ils obtiennent. On va, dans cette progression critique, de l'illusion des sens (les ombres = l’opinion du corps) aux vérités de l'intelligible, (les essences, et au-delà, le souverain bien, symbolisé ici par le soleil).
Le texte de Platon revêt une sorte de valeur prophétique : connaître, progresser vers le vrai, c’est toujours pour l’homme dénoncer d’abord une mauvaise position du problème, reconnaître ce que l’on croit déjà savoir comme une erreur. Prenons pour exemple ce que voient nos yeux et ce que sent notre corps : ils voient le soleil qui tourne dans le ciel, il sent l’immobilité du sol sous nos pieds, et l’ensemble de nos sensations nous donne l’opinion que nous sommes fixes, centres d’un mouvement universel autour duquel s’accomplit le mouvement des astres. Le génie de Copernic et Galilée sera de dénoncer la relativité de ce point de vue : ce mouvement n’est vrai que relativement à l’observateur ; et Galilée démontrera la fausseté de cette théorie, en transformant en simple possible ce qui prétendait à la vérité.
Qu’est-ce que quitter l’opinion pour progresser vers le vrai ? C’est, par une attitude critique portée sur nos représentations, rechercher à réaliser l’accord de la pensée et du réel, ou de la pensée avec elle-même. Reconnaître que cet accord n’est jamais que partiel, relatif et caduque, c’est laisser la