Mémoire sport
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Juin 2012
Les Jeux oLympiques, champions du sport-business ?
Jean-François Bourg, regard critique sur l’économie des Jeux
Cet été, des milliards de téléspectateurs se passionneront pour les Jeux de Londres, contribuant à un modèle économique dont Jean-François Bourg détaille ici les rouages. d’ailleurs posait problème : il y avait très peu de candidatures, compte-tenu du désastre financier des Jeux de Montréal puis de Moscou. Aujourd’hui, les JO sont par ailleurs devenus un enjeu de prestige, avec la volonté des villes et des pays organisateurs de communiquer à l’échelle planétaire. Comment s’est mis en place ce modèle économique, qui repose à hauteur de 47 % sur les droits télé, et de 45 % sur le parrainage d’une douzaine de grands sponsors (1) ? La coupure date des années 1980, quand Juan Antonio Samaranch a sonné le glas de l’ère coubertinienne et fait entrer les marchands dans le temple. En 1984, les Jeux sont « privatisés » à la suite du refus de la ville de Los Angeles d’engager des fonds publics, et ouverts aux sportifs professionnels. Puis en 1986 est lancé le programme TOP (The Olympic Partners) : les contrats marketing ne sont plus signés par les comités nationaux olympiques mais par le CIO, ce qui facilite les transactions et leur confère une dimension mondiale. C’est aussi à ce moment qu’est décidé le décalage entre Jeux d’été et Jeux d’hiver, pour une meilleure exposition médiatique et un échelonnement des budgets publicitaires des partenaires. Clairement, cette réorganisation s’est faite autour des valeurs de l’économie de marché : on donne une valeur plus grande au spectacle sportif en admettant les professionnels, et dans le même temps on met en concurrence les partenaires privés souhaitant devenir sponsors officiels. Après le gigantisme de Pékin 2008, Londres 2012 prônait l’austérité. Le budget initial n’en a pas moins été multiplié par cinq (2), dans un contexte de crise économique : le contribuable français doit-il