Mémoire sur la taille du controleur général orry (1732)
2832 mots
12 pages
Le contrôleur général Orry, en charge de 1730 à 1745, sous la houlette du cardinal de Fleury, a beaucoup œuvré pour rétablir l’équilibre dans les finances du royaume. Avant d’obtenir cette charge, il a effectué une carrière administrative, en tant qu’intendant (de Soissons, puis du Roussillon, et enfin de Flandre), ce qui peut expliquer sa très bonne connaissance des mécanismes – mais aussi des abus – à l’œuvre lors du prélèvement de la taille. En 1732, lorsqu’il rédige le « Mémoire sur la taille » soumis à notre étude, l’heure est à la paix et à la recherche d’une stabilisation des comptes de la monarchie. Après le gouffre financier des guerres louis-quatorziennes, et 3 banqueroutes (1716, 1720, et 1726), Orry bénéficie du retour à l’ordre monétaire de 1726, avec la fixation de la valeur du louis, qui dure jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Première source de revenus de l’État, la fiscalité, dont relève la taille (principal impôt direct dans la France d’Ancien Régime, représentant entre 30 et 40% des recettes de l’État au XVIIIe siècle) se trouve au cœur des réflexions du contrôleur général. Depuis 1715, la question de la réforme de la fiscalité directe se pose en ces termes : soit rétablir un dixième (supprimé en 1717) payable par tous les propriétaires, option la plus moderne, car elle tente de passer outre les privilèges inhérents à la société d’ordre, soit rationaliser la taille, option plus traditionnelle. Adepte de la seconde option, Orry lance, en 1732, une enquête auprès des intendants pour savoir comment est collectée la taille dans leur généralité. C’est dans le cadre de cette enquête qu’il rédige ce « Mémoire sur la taille », envoyé à tous les intendants du royaume. Dans ce document de synthèse, il dresse un tableau très sombre de la manière dont est prélevée la taille en France, pour sensibiliser les intendants aux problèmes qu’ils risquaient de rencontrer dans leur généralité, et peut-être les préparer à une réforme. En effet, Orry devait sans doute