méthode corpus
Les poètes s’ouvrent sur le monde de l’actualité. Ils affirment leur individualité intellectuelle (avec des verbes d’opinion tels que « hais » chez Pierre Emmanuel) et leur individualité non plus seulement en tant que poète mais en tant qu’hommes à part entière avec notamment l’emploi fréquent du « je », surtout chez Robert Desnos et Pierre Emmanuel. Dans le recueil collectif L’Honneur des poètes, les auteurs s’unissent pour mieux se faire entendre. La poésie et ses figures symboliques sont mises dans chacun des quatre textes, au service d’une dénonciation efficace qui s’inscrit dans une perspective de persuasion immédiate. Cette perspective est bien retrouvée dans les poèmes de Georges Emmanuel Clancier et Robert Desnos, qui ébranlent le lecteur par leur fin crue, abrupte, voire « violente ». Un ton polémique, dans la même perspective est présent chez Pierre Emmanuel.
Cette dénonciation est pour eux un devoir, il y va de leur « honneur ». Ils ont la chance d’avoir le don de savoir jouer avec les mots, ils se sentent obligés d’exploiter leur talent au profit d’un sujet aussi grave que la guerre et qui leur tient à cœur. Ce serait pour eux, lâche d’ignorer la guerre et son lot de souffrance, quitte à noircir leur écriture et à mettre entre parenthèse la dimension de rêverie de la poésie, ils osent en parler et veulent faire bouger les choses : « c’est vers l’action que les poètes à la vue immense sont ». (Texte en