Ne moje
Alternatives économiques, # 124 par Louis Marin Entre l'adolescence et l’âge adulte, une nouvelle période de vie se développe, marquée par la sortie de l'école, l’entrée dans la vie active et le départ du foyer parental. « Les jeunes » sont pourtant loin de former un groupe homogène : les situations individuelles montrent une grande diversité. Bosseur, humaniste et réaliste à la fois, le jeune des années quatre-vingt-dix n'aime pas les idéologies. Normal, il se coltine le chômage... Les poncifs de ce type sur « la jeunesse d'aujourd'hui » font les grands titres. Les années soixante-dix ont célébré la génération peace and love, les années quatre-vingt celle des battants voici venu le temps des pragmatiques. Les discours présentent cette période de la vie - sans en fixer avec précision les limites - comme un petit monde bien autonome, avec ses propres valeurs, capable de penser et d'agir de lui-même. Une analyse reprise par Edouard Balladur lorsqu'il lance, suite à l'échec de son Contrat d'insertion professionnel (CIP), un grand questionnaire pour connaître les aspirations des jeunes et crée son « Comité chargé de la consultation des jeunes ». A QUEL AGE EST-ON JEUNE ? La réalité est, on s'en doute, plus compliquée. Difficile de définir avec précision à quel âge on est jeune. Fixer des limites a priori ne signifie pas grand-chose, même si l'on est bien obligé de le faire pour présenter des données statistique. Et pourtant, cette période existe : « II se dessine clairement une phase de la vie, intermédiaire entre d'une part la vie scolaire et la vie chez les parents, qui définissent l'adolescence et, d'autre part, la vie professionnelle et la vie en couple, qui définissent le statu adulte », note Olivier Galland, sociologue spécialiste de la question, dans un ouvrage collectif intitulé L'allongement de la jeunesse (éd. Actes Sud). Pour lui, la jeunesse est cette phase d' « émancipation familiale sans reconstitution immédiate d'une